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Publication
Culture

Les flux de traduction arabe-français depuis 2010 (littérature moderne et contemporaine)

Auteur
Mahmoud Abdelsalam et Richard Jacquemond
Éditeur
iReMMO - Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient
Année de publication
2021
Résumé

La présente étude vise à prolonger et mettre à jour celle réalisée en 2010-11 par Emmanuel Varlet
dans le cadre du programme « Traduire en Méditerranée » coordonné par Transeuropéennes en
partenariat avec la Fondation Anna Lindh, Literature Accross Frontiers et d’autres organisations.

A la différence de l’étude d’E. Varlet, et compte tenu des objectifs du projet LEILA, elle porte
uniquement sur la production littéraire (au sens large, fiction et non fiction) contemporaine arabe
traduite en français – à l’exclusion de la littérature arabe ancienne, des contes anonymes et de tout
ce qui relève du champ religieux, islamique pour l’essentiel – et publiée en France et dans les pays
voisins (Belgique, Suisse), à l’exclusion notamment des traductions françaises publiées dans les pays
arabes.

Notre étude est basée en premier lieu sur une bibliographie non exhaustive des traductions
littéraires arabes modernes parues en France depuis 2000, constituée pour les besoins de cette étude
et jointe en annexe sous la forme de deux fichiers Excel. Ajoutée à celle donnée par Maud
Léonhardt-Santini, elle donne une vue complète de la littérature arabe en traduction française.

Le premier constat qui s’impose à l’issue de ce travail de compilation est celui d’une très grande
stabilité par rapport à la période précédente, analysée par E. Varlet. Les bouleversements
consécutifs aux printemps arabes (notamment l’exil de très nombreux écrivains, intellectuels et
artistes arabes) semblent avoir eu très peu d’effet sur le flux de traduction arabe/français. Comme
par le passé, les publications auxquelles ont donné lieu ces événements ont été produites soit par
des auteurs étrangers (chercheurs, journalistes, etc.), soit (plus rarement) par des auteurs arabes
écrivant en français (ou en anglais) et n’ont pratiquement jamais été traduites de l’arabe. Seuls
émergent dans les livres traduits les témoignages et chroniques d’écrivains arabes qui étaient déjà
traduits en français auparavant (Alaa El-Aswany, Chroniques de la révolution égyptienne, 2013 ; Samar Yazbek, Feux croisés, 2012, et Les portes du néant, 2016). Une exception, l’intellectuel syrien Yassin al-
Haj Saleh (Récits d’une Syrie oubliée, 2015 ; La question syrienne, 2016).

En outre, dans cette décennie, la francophonie littéraire arabe a continué à se renouveler, avec les succès très médiatisés de l’écrivaine franco-marocaine Leila Slimani (prix Goncourt 2016), de
l’Algérien Kamel Daoud (le multiprimé Meursault, contre-enquête), mais aussi du Tunisien Hédi
Kaddour (Les prépondérants, plusieurs fois primé en 2015), ou la très belle carrière que poursuit en
France le dramaturge libano-canadien Wajdi Mouawad, tandis que leurs ainés très consacrés, les
Tahar Ben Jelloun, Yasmina Khadra, Amin Maalouf, etc., sont toujours présents également dans les médias et les librairies. Pour le grand public français, les écrivains arabes, ce sont eux.
L’Égyptien Alaa El-Aswany est le seul écrivain d’expression arabe qui ait réussi à imposer une
présence au même niveau, aidé en cela par sa bonne maîtrise du français (et de l’anglais) et par le
statut de commentateur politique de l’actualité égyptienne qu’il s’est forgé et que les grands médias
français (et d’ailleurs) lui ont attribué.

Pays/Région