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Publication
Villes

Pratiques culturelles et fabriques des villes : entre Europe et Méditerranée

Auteur
Gregorio Fuschillo
Éditeur
Commission Aménagement, Attractivité, Cadre de Vie du Conseil de Provence
Année de publication
2023
Résumé

Cette analyse s’appuie sur la relecture du dispositif de CEC (Capitale de la Culture Européenne), un dispositif qui « a évolué depuis sa création en 1985 en passant d’instrument de cohésion identitaire européenne à outil pour la transformation urbaine (Mittag, 2013 ; Sassatelli, 2013) et, plus récemment, régionale ». (Buslacchi, 2020 : 530). Ce dispositif se déploie par l’action combinée des élus, des fonctionnaires, des collectivités, des professionnels, des experts, des mondes associatifs, des artistes, des habitants. En d’autres termes, il se nourrit des pratiques culturelles préexistantes dans chaque territoire.

Ainsi, il permet de (re)façonner l’identité locale à l’aide de grandes évènements (musicaux, sportifs, gastronomiques, etc.) qui nourrissent et se nourrissent de son terreau culturel. Pour les villes méditerranéennes du Sud, ce dispositif s’est traduit dans un outil pour réaligner ces villes (Marseille, Naples, Gêne) au standard européen (vu comme synonyme de modernité), alors que tout ce qui relevait de leur côté méditerranéen était vu plutôt comme disqualifiant : le mauvais état de la voirie, l’habitat ancien ou la criminalité. De ce fait, à Marseille 2013, l’idée Euro-méditerranéenne de sa candidature à « Capitale Européenne de la Culture » s’est traduite par une réduction de la dimension Med à des aspects esthétiques - le lien avec la mer, l’usage de plantes aromatiques de la garrigue, de l’olivier, du pin d’Alep (Buslacchi, 2020).

En réalité, le prétendu standard de modernité européenne ne faisait pas l’unanimité et des nombreux mouvements d’opposition (voir le projet City on the Edge – les villes qui ne sont pas aimées par leur pays) se sont constitués pour affirmer l’idée selon laquelle la transformation urbaine en cours ne touchait pas la ville de manière uniforme : dans certains quartiers, les pratiques de voisinage, l’hybridité entre l’espace public et la propriété privée, autant d’éléments méditerranéens envers lesquels le modèle Euro-méditerranéen prenait ses distances. Ces expressions d’opposition à l’uniformisation européenne relèvent à la fois de la force et de la valeur ajouté que les pratiques culturelles méditerranéennes peuvent constituer dans le cadre de la compréhension socio-culturelle d’un territoire (comme les Bouches-du-Rhône) et des enseignements qu’elle apporte pour mieux saisir des opportunités en termes d’attractivité pour ce territoire. Pour mieux saisir donc ces mécanismes sous-jacents, la spécificité de la culture Med, on analyse par la suite une pratique propre à cette culture, celle de la repasse, afin de mieux appréhender les opportunités qu’elle pourrait offrir, au croisement entre appartenance citoyenne, culture urbaine/régionale, attractivité et tourisme.

Pays/Région