Les Douches - Puits Gérard
13105
MIMET
France
- Arts
Karnavires, théâtre de rue et de feu, est bâtie autour d'une direction artistique bicéphale constituée de Rémy Auda et Sylvie Baroni. Installée à Gardanne, dans les anciennes Douches des mineurs, la compagnie propose depuis 25 ans des mises en scènes pour l'espace public. Son esthétique s'inscrit dans une tradition très spécifique du théâtre de rue tel qu'on peut le retrouver dans la création catalane et espagnole (les Comediants, Xarxa, la Fura dels Baus…). Ainsi, la pytotechnie, la comédie et la scénographie y tiennent une place centrale. Cette fibre populaire et festive revendiquée lui a valu d'être programmée partout en France et dans les grands festivals européens (Chalon dans la rue, Eclat à Aurillac, Malta Theatre Festival à Poznan, la FETA à Gdansk…). L'originalité de la compagnie réside dans la manière dont elle réussit à se saisir de l'imaginaire du voyage et des grandes figures légendaires puisées chez Homère, Sakespeare, Jules Verne, et bientôt Dante, pour les restituer dans des formes spectaculaires détonnantes vouées à réveiller la rue. Le texte s'y mue en une imagerie poétique turbulente et néanmoins fédératrice.
Les artistes de la compagnie ont entamé une recherche spécifique sur l'histoire sociale de leur territoire, spécifiquement sur le poids sur la démographie locale des migrations liées à l'industrie minière. Depuis 2008 et jusqu'en 2013, Karnavires bâtit ainsi un projet de développement culturel en trois actes (trois créations) et quatre mouvements (ateliers pédagogiques, cycles de rencontres, travail photographique, recueil de témoignages). Toujours fidèle à son leitmotiv "le théâtre partout et pour tous", Karnavires met cette fois ses savoir-faire spectaculaires au service des légendes personnelles des mineurs de Provence.
Ce projet intitulé Mémoire des migrations en pays miniers se compose de trois actes artistiques:
- Le premier acte, Les Oiseaux migrateurs (juillet 2010), aborde de front la
question de la migration. Ce spectacle jeune public / tout public conte le parcours migratoire
et l'installation en Provence d'une famille italienne. Cette création initiale sera prolongée par une autre forme de restitution intitulée Carnets de migrations, installation contée prévue en novembre 2010.
- Inspiré de la Divine comédie de Dante, l'acte II est constitué par la création pour la rue Nul n'entre ici s'il n'est géomètre qui est une exploitation poétique du patrimoine industriel minier.
- Enfin, le troisième acte à venir, Un passé foudroyé (création 2013), sera à la convergence,
non seulement des deux actes précédents, mais aussi de l'intégralité du projet. Cette production s'appuiera sur l'ensemble des matériaux collectés et produits.
En parallèle de la diffusion de ses créations, la compagnie développera les volets documentaire et pédagogique du projet Mémoire des migrations en pays minier. Ces volets se composent comme suit :
- Les ateliers pédagogiques : Entamé voilà déjà un an, le volet pédagogique en direction des
jeunes publics en milieux scolaire et extrascolaire vise, via l'apprentissage de savoir-faire
propres aux arts de la scène (expression orale et corporelle, rythme, écoute), à revisiter
collectivement la question migratoire sous l'angle du voyage, de l'épopée. D'expérience, ces ateliers sont l'occasion d'aborder des questions délicates et de libérer la parole d'enfants,
d'adolescents et bientôt d'adultes souvent issus eux-mêmes de l'immigration.
- Le recueil de témoignages : Un travail d'enquête par entretiens avec d'anciens mineurs et parents de mineurs migrants sert de base d'inspiration pour les créations de la compagnie. Nous avons tenu à nous associer des chercheurs et jeunes chercheurs en sciences humaines afin que ceux-ci apportent leur lecture scientifique. De cette étape de travail naît peu à peu un corpus documentaire d'archives sonores ainsi qu'une production écrite dont les contenus sont destinés à être doublement exploités : d'une part dans le cadre d'un documentaire sonore coproduit par Marseille Provence 2013, d'autres part lors d'interventions festives et à travers les spectacles.
- Le travail photographique : le photographe G. Ceccaldi s'interroge sur la frontière entre
patrimoine matériel et immatériel. Il vise à donner en image une lisibilité aux traces minces,
et pourtant éloquentes, du passé minier.